Acheter une maison ou un appartement et déménager est souvent associé à l’excitation d’un nouveau départ même si ce n’est jamais une mince affaire. Mais lorsque des critères spécifiques et un handicap entrent en jeu, cela peut devenir un véritable défi.
Petit disclaimer : je partage ici mon expérience personnelle et donc mes besoins en tant que personne malvoyante et les défis auxquels j’ai été confrontée.
Avec mon conjoint, lorsque nous avons commencé à chercher notre premier « chez nous », nous nous sommes rendus compte dès le départ que nous allions devoir prendre notre mal en patience pour trouver notre bonheur, et que notre recherche serait semée d’embûches.
Outre les critères classiques tels que les transports en commun à proximité ou la luminosité des pièces, mes besoins spécifiques comprenaient également la nécessité d’avoir des commerces accessibles à pied, un quartier calme et vert, ainsi que la proximité d’écoles ou de crèches pour le futur. Chacun de ces critères était non négociable, ce qui a rendu la recherche d’un logement particulièrement compliquée.
En somme : tout devait être accessible à pied pour que je puisse garder mon indépendance. Cela peut paraître simpliste de prime abord, mais je peux vous assurer que l’exercice ne fut pas évident à réaliser. Il y avait toujours au moins un critère qui faisait défaut.
Dire adieu à l’envie de vivre à la campagne
Malheureusement, avec mes desiderata, nous avons dû abandonner pour le moment notre rêve de vivre en dehors de la capitale. Nous avons cherché des quartiers correspondant à mes critères mais il était difficile de les réunir. Et je refusais de devoir compter sur quelqu’un pour aller prendre le train ou faire des courses.
Bien que les petites villes et villages de Wallonie soient jolis et agréable à vivre, ils ne répondaient pas aux critères d’accessibilité nécessaires à ma situation, que ce soit au niveau de l’offre des transports en commun ou de la vie de tous les jours. Surtout que ma vision ne me permet pas d’utiliser un vélo ou une trottinette.
Nous avons par exemple visité une petite ville du Hainaut mais entre les trottoirs trop étroits, régulièrement encombrés, et le supermarché situé à une extrémité de la ville et la gare de l’autre, il m’était impossible de m’y projeter.
Par conséquent, nous avons renoncer à l’idée d’une petite maison avec jardin pour privilégier mon autonomie, mon indépendance et l’accessibilité.
La peur du changement
Déménager implique inévitablement de perdre ses nombreux repères, une réalité d’autant plus difficile à accepter pour une personne malvoyante. Chaque petite habitude, chaque stratagème mis en place pour faciliter le quotidien, devient une pierre angulaire de notre autonomie :
- Connaître les rayons du supermarché par cœur.
- Savoir où se situent les dangers potentiels (trou dans le trottoir, bordures) et les éléments de l’espace public (poubelles, poteaux).
- Apprendre les distances et parcours entre le domicile et des lieux clés : transports en commun, magasin, médecin, …
- Etre également habitué à son intérieur et à l’ordre des choses.
Quitter ces repères familiers est donc source d’angoisse et d’insécurité, comme j’ai pu le ressentir lorsque j’ai dû quitter le cocon familial.
Changer mes habitudes et me retrouver face à l’inconnu me semblait insurmontable.
Se créer de nouveaux repères
Pourtant, malgré les défis, chaque changement, aussi inconfortable soit-il, est surmontable. Avec le temps, j’ai appris à m’adapter à mon nouvel environnement, à découvrir de nouveaux trajets, à prendre mes marques dans un nouveau supermarché, malgré les crises d’angoisse et quelques trébuchements sur les nouveaux trottoirs. Petit à petit, les nouvelles habitudes prennent le dessus, et l’angoisse laisse place à la confiance.
Se faire aider
Grâce aux différents services d’accompagnement des associations d’aide aux personnes aveugles et malvoyantes, vous pouvez également recevoir un soutien dans ce processus. Comme chez Eqla, à qui j’avais posé la question.
Leur assistance vous permet d’être accompagné dans le processus, de découvrir votre quartier, d’identifier de nouveaux trajets et de surmonter les obstacles du quotidien.
Grâce à eux, j’ai compris que mon handicap visuel ne devait jamais être un frein à mon autonomie.
Un nouveau départ
Déménager en tant que personne malvoyante peut sembler intimidant et angoissant, mais c’est aussi une occasion de se réinventer et de s’épanouir dans un nouvel environnement. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me préparer mentalement à cette transition. Ce n’est que sous l’impulsion et le soutien indéfectible de mon conjoint que cela a finalement eu lieu.
Maintenant installée dans notre nouveau foyer, je réalise que ce déménagement n’était pas seulement un défi à surmonter, mais une opportunité de croissance personnelle. En trouvant l’équilibre entre l’adaptation à un nouvel environnement et la préservation de mon indépendance, je me sens plus forte et plus confiante.
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