Chose promise, chose due, voici la suite de mon cheminement vers l’acquisition d’une canne blanche !
Après avoir tergiverser en long, en large et en travers au sujet de l’acquisition d’une canne blanche de locomotion, je me suis dit qu’une première étape à franchir serait l’obtention d’une canne d’identification (également appelée canne de signalisation).
Qu’est ce qu’une canne d’identification ?
En deux mots, la canne d’identification permet de signaler et d’informer les personnes et autres usagers de la route que l’on est porteur d’une déficience visuelle. Elle présente quelques différences avec la canne blanche : elle est plus courte, plus légère, plus mince, et elle n’a pas de poignée.
Bien qu’elle ne soit en aucun cas utilisée pour la mobilité, elle peut se révéler utile dans la rue pour se visibiliser, ou dans des situations sociales où le handicap visuel de la personne est inconnu. Elle permet par exemple plus de « légitimité » lorsque l’on demande de l’aide dans un magasin / café / métro car les gens auront a priori une meilleure compréhension du pourquoi du comment on demande de l’aide.
L’acquisition
J’ai donc, un beau jour, il y a bien trois ans, pris mon courage à deux mains et me suis rendue au magasin de la Ligue Braille pour en obtenir une. J’ai été très étonnée de la rapidité avec laquelle j’ai pu l’obtenir. Aucune formalité particulière ne m’avait été demandée, si ce n’est celle d’avoir un dossier auprès de l’association.
Il faut dire qu’elle est bien plus facile à acquérir qu’une canne blanche. Primo, la canne de signalisation peut être demandée par toute personne malvoyante. Et secundo, il ne faut pas suivre de cours de locomotion pour pouvoir s’en servir.
Fière d’avoir enfin franchi le pas, j’ai donc quitté la Ligue Braille en fourrant cette petite canne dans le fin fond de mon sac. J’avais l’impression d’avoir accompli quelque chose d’extraordinaire.
Mais arrivée chez moi, j’ai ressorti cet objet de mon sac, l’ai observé… Déplié… Et me suis demandée : « Mais comment porte-t-on cette canne ? ».
Dites-moi sérieusement, avez-vous déjà vu des personnes porter une canne d’identification ? Parce que moi, jusque là, jamais ! Sans représentation dans les livres, ni dans les médias et encore moins dans la rue, impossible pour moi de me sentir à l’aise avec cette aide.
Mais qu’à cela ne tienne, il fallait que j’essaie.
Première utilisation
Sur un temps de midi au travail, je me suis donc (discrètement) munie de ma canne d’identification et suis sortie dans le centre de Bruxelles. Je dois bien avouer que j’étais mal à l’aise : Comment mettre mon bras ? A quelle hauteur tenir la canne ? Devais-je continuer à être hyper-vigilante ? Ma tête était une nouvelle fois remplie d’interrogations.
Mais je l’ai fait, j’ai marché dans une rue commerciale, canne à la main et du mieux que je pouvais… Et le constat fut sans appel.
Tout le monde s’en foutait.
Pardonnez-moi l’expression, mais je ne rigole absolument pas : cela n’a fait aucune différence. Et j’ai envie de souligner trois fois le mot aucune.
Les vélos ont continué à me couper la route, les gens ont persévéré à regarder droit devant eux (ou leur smartphone) en me bousculant et je me suis sentie aussi débordée que d’habitude.
La déception
Je ne vais pas vous mentir, je fus un peu déçue de cette expérience. Et des suivantes. Car j’ai remis le couvert à de multiples reprises sans voir de réelles améliorations sur mon ressenti. Non pas que les gens s’en foutent éperdument de manière volontaire. Je pense surtout qu’il y a une méconnaissance absolue de ce qu’est la canne de signalisation (on en revient à cette histoire de représentation). Et une des choses qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est que personne ne m’a regardé d’un air interloqué. Ce qui est pourtant arrivé plus tard avec la canne blanche de locomotion.
Résultat : ne voyant pas l’intérêt réel, ni l’avantage à la porter, je l’ai peu à peu délaissée et rangée dans un tiroir. Il était déjà difficile pour moi de visibiliser mon handicap, alors si en plus cela ne servait à rien… Merci, aurevoir.
Pourtant, une pandémie, un déménagement, le cap des 30 ans et un ventre de femme enceinte plus tard, la question de la canne de locomotion a refait surface…
Mais je garde cette partie là pour une troisième article ! Et je reviendrai également sur l’utilisation de la canne de signalisation car à l’heure actuelle, je l’utilise beaucoup plus souvent !
MarjoCosyra dit
Article très cool et bien écrit, comme d’hab’ quoi 😀
En France, n’importe qui peut acheter une canne blanche / jaune / de signalisation, il suffit juste de payer (70€ dans mon cas), par contre c’est possible d’être remboursé de +/- 15€ avec un certificat médical, mais perso j’avais eu la flemme x’D
Je ne connais pas le canne de signalisation, mais je crois que Guillaume, l’auteur de la trilogie « Blind Spot », en a une et que son héroïne en a une aussi. D’ailleurs, je connais très mal cette canne si bien que quand lisais « Blind spot » et que je regardais les illustration, je ne comprenais pas pourquoi la canne de l’héroïne était si courte lol
C’est une aide vraiment mal connue du grand public (et même des concernés d’ailleurs) et je pense que son principal et son manque de visibilité. Une canne blanche, c’est balaise, et ça fait du bruit sur le sol, à contrario de la canne de signalisation. À ce demander si un brassard « handicap visuel » ne serait pas une bonne alternative ? Mais peut être un peu stigmatisant … ?
Laetitia B dit
Oui je pense aussi que c’est le manque de visibilité qui joue en sa défaveur, et son manque de représentation. Je suis toujours étonnée du nombre de personnes qui me disent ne pas la connaître ! Et le brassard… sans aucun doute stigmatisant.
Merci encore pour ton soutien !
Patricia Englebert dit
Impatiente de voir la suite / comme toujours / et – comme toujours aussi – tellement en rage de ce qui nous est arrivé, à toutes les deux…
Laetitia B dit
Merci, la suite arrivera vite !
Céline dit
Merci pour votre article !
Je me demande justement ce qui existe. Comment accompagner mon fils (9 ans) pour des déplacements alliant autonomie et securité ?
Comment signifier aux conducteurs par exemple qu’il est malvoyant et ne perçoit pas les signes qu’ils lui adressent lorsqu’il souhaite traverser ? En quoi un brassard serait plus stigmatisant qu’une canne ?
J’espère ne pas choquer…
Son instructrice en locomotion vient demain au domicile… peut être pourra t elle m éclairer…?
Laetitia B dit
La canne de signalisation et la canne blanche pourraient être des aides pour ses déplacements, mais à voir si il les accepterait…
Pour les conducteurs, je pense que la canne serait le signe le plus voyant et compréhensible. Je sais d’expérience à quel point il est frustrant de se déplacer en transport en commun lorsque notre handicap ne se voit pas et que l’on ne porte aucune aide (je ne compte plus le nombre de bus et tram m’étant passé sous le nez sans s’arrêter).
Pour le brassard, j’avoue ne pas savoir répondre. C’est un bon sujet de débat ! Factuellement, en dehors de l’idée que cela pourrait être stigmatisant, je ne pense pas que cela serait assez voyant ou reconnaissable pour un conducteur ou les autres usagers de la route.
J’espère que votre instructrice en locomotion a pu apporter des idées ?